Bonjour à tous,

Me voici de retour après une très longue absence pour cause de trop de boulot, la segpa et les remplacements à gogo, ce n'est pas de tout repos. Surtout en jonglant entre les oraux à préparer et les enfants.
Bon, je vais faire un résumé de mes dernières aventures.
En commençant par mon magnifique et agréable remplacement en maternelle, des moyens pendant presque 3 semaines, c'était magique. Les enfants étaient heureux, apprenaient bien, participaient à toutes les activités que je mettais en place, trop génial.
Et l'équipe ! Wahou, je les remercie encore tous de m'avoir si bien accueillie, aussi bien les PE que les ATSEM, les dames de service, les animateurs de la garderie, les parents et surtout Lydie, directrice formidable qui ne mérite que des compliments et des félicitations. C'était vraiment une très belle expérience et je suis partie avec regret. Même les parents se sont mis en groupe auprès de l'IEN pour que je reste...
Tellement m'a touchée, dans cette école, mais si je dois parler d'une chose et seulement d'une, je parle de la maman qui m'a dit "Merci. Ma fille a enfin trouvé sa place à l'école, elle pleurait chaque matin depuis toujours, et c'est grâce à vous". Voilà qui a fait monter mes larmes, vous pensez bien !

C'est la rentrée de la période 2, et je pense à mes collégiens.... Raaaaa, ils m'ont fait râler, ils m'ont fait pleurer, j'en ai eu marre parfois, mais ils m'ont fait rire aussi, ils m'ont donné plein d'amour et de confiance, et ils ont progressé, alors oui, je pense à eux et je souhaite que tout aille bien avec le retour de leur prof titulaire.

Quant à moi, eh bien tout le monde se renvoie la balle et personne ne sait où m'affecter...  Ca laisse rêveur. Pourtant, il y a bien un PE absent quelque part dans une école de ma circonscription, non ? Tout le monde est présent ? Eh bien... attendons. J'espère que le suspense ne va pas durer trop longtemps !

JE VEUX UNE ECOLE !

Le bilan est vaste, j'essaie d'en faire un résumé concis.

Mes échecs :

Le plus gros est de ne pas encore maîtriser les élans des 5èmes, trop vifs et parfois violents.

Un autre personnel est de trop m'investir affectivement, mais ça, ça ne les concerne pas.

Mes réussites :

La confiance de mes élèves.

Leurs progrès bien réels.

Qu'ai-je rencontré de magnifique en SEGPA ?

Des personnalités. Mes élèves ont tous des caractères bien trempés, on s'en doute, et ont (presque) tous un coeur d'or.

La gentillesse ? Elle est là, certes maladroite, mais très présente.

La volonté ? Elle a été souvent brimée, mais elle perdure, avec des hauts et des bas.

Le travail ? Pas facile à la maison sans aide, mais des vrais grands efforts sont faits, et bien faits.

La confiance ? Dans leur nouveau professeur, elle s'est installée très rapidement, et j'en suis plutôt fière. En eux, c'est beaucoup plus compliqué, sans aide de la famille le plus souvent, lâchés par leurs anciens PE souvent (pas toujours, mais souvent, même si je ne leur jette pas la pierre car un ou deux élève(s) en grosse difficulté dans une classe de 27 ou 30...., parfois dénigrés par les copains et les copines en atterrissant en SEGPA.....

Qu'ai-je rencontré de surprenant, voire déstabilisant en SEGPA ? Beaucoup.

Le plus négatif ? Eh bien je vais citer les "patates", les "cocos", les coups de boule (juste 1, mais c'était impressionnant), les insultes dans toutes les langues, les lancers de sacs, de trousses et même de compas (!).

Le plus difficile ? Voir des enfants (oups, élèves) en tel échec scolaire, parfois dans des conditions sociales épouvantables, seuls face au monde malgré des familles très nombreuses, souvent reconstituées, des élèves qui ne connaissent l'école française parfois que cette année, qui n'ont parfois pas leurs parents.

Le plus difficile (bis) ? Conjuguer le programme du collège avec leurs niveaux, puisqu'aucun n'a le même niveau que l'autre. Les maîtres mots ? Différenciation et étayage.

Ca y est ! Je suis dans le grand bain sans bouée, toute seule comme une grande ! Grande peur et grande excitation, plein de sentiments se mélangent mais ça y est, je suis maîtresse !

Et mes élèves sont sagement rangés quand je viens les chercher dans la cour !

"Bonjour maîtresse, bonjour Madame !" avec des grands sourires confiants.

"Bonjour mes élèves" avec un grand sourire confiant.

La journée se passe bien, tous mes cours les intéressent, ils sont vivants, participent beaucoup, me parlent beaucoup. Ils sont heureux, alors moi aussi.

Une tension sous-jacente chez les 5ème toutefois, je ne tarderai pas à en faire les frais.

Oh oh oh ! Lever à 6h00, et pas mal de nervosité. Aujourd'hui, la journée de tuilage avec mon binôme. L'angoisse.

J'arrive à l'heure (c'est mieux !) et je suis coooooooool en apprence, sûre de moi, confiante, ouverte... Allez hop ! C'est parti, il faut aller chercher les élèves, on commence avec les 6èmes.

Un brouhaha de questions dans la cours : "C'est qui maître ? Vous êtes nouvelle ? On sera avec vous ? Vous êtes gentille ?". Plutôt sympathique.

L'arrivée en classe reste somme toute très classique. Puis l'appel, les cahiers de correspondance, les doléances du jour. Normal, quoi.

Et le cours.... Je vois là des élèves inintéressés, un prof inintéressé et inintéressant, d'un ennui mortel.... Pas un bruit des élèves... Pourquoi tant d'absence de vie, de chaleur, de couleur ? Je le comprends pendant le cours d'histoire des 5èmes : celui qui a eu le malheur de faire un bruit va... au piquet ! La honte à 12 ou 13 ans quoi ! Alors ils ne bronchent pas... Normal.

2 heures de trou, alors je décide de rester en classe avec mon binôme, histoire de faire connaissance, d'être raccord pour les élèves. RIEN. Pas un mot, pas un bruit. Pourquoi suis-je làààààààààààààààààààààààà ?

Enfin la fin de la journée, ce que j'attendais avec une telle impatience : "Tu fais ce que tu veux avec les élèves, même si ça ne me plaît pas, je m'en fous.". -"Euh, OK.".

Quelle journée bizarre... J'espère que le reste sera meilleur.

Premier contact téléphonique avec le collège et la directrice de SEGPA : elle est enchantée de me rencontrer, mon binôme part bientôt en formation. RDV demain pour se présenter et la réunion de synthèse : "Tu déjeuneras avec nous !"

Grosse appréhension tout de même : SEGPA en ZEP... dans quoi vais-je atterrir ?

Le lendemain, quelle ne fût pas ma surprise de voir un collège si vieux, en état de décomposition avancée puis-je dire ; je souhaitais une jolie classe dans une jolie école, et mettre une photo sur FB pour mes amis et collègues en préparation de CRPE aussi... c'est raté !

Et puis, c'est quoi ces videurs de boîte de nuit à l'entrée, hein ? C'est si compliqué d'être en sécurité dans cette ville ?

Bon, après m'être un peu égarée dans les couloirs du collège, je finis par trouver le bureau de la SEGPA, faire connaissance de ma directrice de SEGPA, puis de mon binôme... qui ne parle pas...

Je ne sens pas trop bien la journée de tuilage du lendemain, mais on verra bien...

Après tout, même dans le collège, je suis maîtresse, et c'est l'essentiel.

On s'en souvient, c'était début juillet, quand les résultats d'admissibilité sont tombés... Ca y est, je suis enfin à moitié maîtresse ! Grosse attente de réunions à l'IA pour le fabuleux tiers-temps tant convoité. Et enfin... un mail...."vous êtes admissible, voulez-vous un temps plein ?" ; oui merci m'dame, très volontiers.

La réunion des temps pleins s'est transformée en réunion des mi-temps, sauf pour les volontaires pour travailler en ASH. Bien-sûr, il faut se décider en 5 secondes, sans consulter famille ni amis. Moi ! Moi ! Choisissez-moi ! Je veux bien une CLIS, c'est ce que veux faire, et si je peux avoir cette possibilité maintenant, bien-sûr !

Une surprenante incompréhension toutefois en apprenant que, tout juste admissibles, nous n'aurions pas l'ombre d'une formation, pas l'ombre d'un tuteur, bref, que nous nous lancerions sur des élèves fragiles et fragilisés sans filet...

Réunion d'affectation : le verdict tombe à priori mal pour moi, puisque je suis affectée dans une SEGPA. Appréhensions, doutes, je ne me sens pas à la hauteur pour des élèves si "vieux" et en échec scolaire.

Mais j'ai bien dit "à priori".